Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 5.djvu/25

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VIE DE M. TURGOT. l’i

loiis ceux, en un mot, dont l’opinion gouverne réellement le monde, pouvaient cesser d’être réunis dans un esprit de tolérance et de raison, bientôt les mêmes causes reproduiraient les mêmes effets. Mais M. Turgot croyait cette révolution impossible ; il voyait que tous les maux par lesepiels le genre humain avait été éprouvé, l’avaient conduit à une époque où le retour à la barbarie ne pouvait plus être à craindre ; que, par une suite nécessaire du piogrès toujours croissant des lumières, l’influence, malheureusement encore si funeste, de l’esprit de superstition et d’intolérance s’anéantirait de jour en jour, et qu’enfin le mépris public achèverait dans moins d’un siècle l’ouvrage que la raison avait si heureusement conuiiencé. Ce bonheur, dont nos neveux ont l’espérance, et dont nous goûtons déjà quelques fruits, a sans doute coûté bien cher à nos ancêtres : mais l’Asie n’a-t-elle pas souffert presque autant de la barbarie de ses conquérants, que l’Europe de la cruauté de ses prêtres ? Cependant ces maux ont été en pure perte ; les révolutions ont succédé aux révolutions, la tyrannie à la tyrannie ; et, sans les lumières de l’Europe, le genre humain aurait été condamné à une éternelle ignorance et à des désastres perpétuels.

Le second discours a pour objet le tableau des progrès de l’esprit humain. L’auteur les suit depuis les anciens peuples asiatiques, qui sont pour nous les créateurs des sciences, jusqu’à nos jours, au milieu des révolutions des enq^ires et des opinions. 11 expose comment la perfection des beaux -arts est limitée par la nature même, tandis que celle des