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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 5.djvu/45

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Vie de M. turgot.

lecte de l’inipôt était une charge de communauté, également onéreuse et à celui qui était forcé de la remplir, et à la communauté qui répondait des désordres causés par l’incapacité ou la mauvaise conduite de son collecteur : M. Tuigot en fit un emploi que la communauté confiait à un homme solvable, d’une conduite connue, et qui s’en chargeait volontairement pour un droit très-modique.

Le soin d’affranchir le Limousin du fardeau des corvées était plus cher encore au cœur de M. Turgot. Des hommes qui n’ont que leur salaire pour vivre, condamnés à travailler sans salaire ; des familles qui ne subsistent que par le travail de leur chef, dévouées à la faim et à la misère ; les animaux nécessaires au labourage enlevés à leurs travaux, sans égard aux besoins particuliers des propriétaires, et souvent à ceux de toute la contrée ; enfin la forme absolue des ordres, la dureté des commandements, la rigueur des amendes et des exécutions, unissant la désolation à la misère et l’humiliation au malheur, tel est le tableau des corvées. Et si on y ajoute, que les chemins étaient faits à regret, et par des hommes auxquels l’art très-peu compliqué qu’exige leur construction était absolument étranger ; que, sous prétexte de forcer le peuple à un travail plus suivi, on lui marquait ses ateliers à plusieurs lieues de son habitation ; que les reconstructions fréquentes de chemins, ou mal dirigés, ou faits avec de mauvais matériaux, étaient les suites nécessaires d’un système où l’on se croyait permis de prodiguer le travail, parce qu’il ne coûtait rien au trésor royal, et où l’ingénieur avait la facilité