le temps le plus précieux de sa vie à écrire, à répéter des choses si familières et si simples, était ce même homme qui, entrainé par un penchant irrésistible, avait pénétré les abîmes de la métaphysique, étudié toutes les sciences, et essayé d’en sonder toutes les profondeurs ; qui, enfin, dans ce temps-là même, achevait d’embrasser l’ensemble et l’étendue de toutes les sciences politiques dans le système le plus suivi et le plus vaste que jamais l’esprit humain ait conçu !
La milice était un autre fléau des campagnes. C’est un phénomène assez singulier, que l’on ait pu parvenir à rendre l’emploi de soldat odieux et même avilissant chez un peuple naturellement actif et courageux. Mais le milicien n’avait pas le mérite d’un dévouement volontaire. L’incertitude de son sort l’empêchait de trouver des emplois avantageux. Confondu par son habillement avec le peuple, trop peu exercé pour être compté au rang des soldats, il avait perdu sa liberté, sans en être dédommagé ni par une subsistance assurée, ni par l’opinion. On s’était imaginé que la milice ne serait pas un impôt, si on défendait aux communautés de former, en faveur des miliciens, une contribution volontaire, contribution dont un mouvement naturel d’humanité et de justice avait inspiré l’idée.
M. Turgot sentait combien il est injuste de forcer un homme à embrasser malgré lui un état périlleux, sans daigner même lui payer le prix de sa liberté, et combien, dans nos constitutions politiques actuelles, la manière dont les travaux sont distribués parmi le peuple, la nature de nos guerres, la forme de