Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/198

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qui une profession nécessaire à leur subsistance laisse le moins de liberté, le temps de l’éducation n’est pas, à beaucoup près, tout celui qu’ils peuvent donner à s’ins-truire. Enfin, la découverte des vérités nouvelles, le développement, le progrès ou l’application des vérités déjà connues, la suite des événements, les changements dans les lois et les institutions, doivent amener des circonstances où il devienne utile, et même indispensable, d’ajouter de nouvelles lumières à celles de l’éducation. Il ne suffit donc pas que l’instruction forme des hommes ; il faut qu’elle conserve et perfectionne ceux qu’elle a formés, qu’elle les éclaire, les préserve de l’erreur, les empêche de retomber dans l’ignorance ; il faut que la porte du temple de la vérité soit ouverte à tous les âges, et que si la sagesse des parents a préparé l’âme des enfants à en écouter les oracles, ils sachent toujours en reconnaître la voix, et ne soient point, dans le reste de leur vie, exposés à la confondre avec les sophismes de l’imposture. La société doit donc préparer des moyens faciles et simples de s’instruire, pour tous ceux à qui leur fortune ne permet pas de se les procurer, et qu’une première éducation n’a pas mis à portée de distinguer par eux-mêmes et de chercher les vérités qu’il leur serait utile de connaître.

Nécessité de diviser l’instruction en plusieurs degrés, d’après celui de la capacité naturelle et le temps qu’on peut employer à s’instruire.

Les enfants, suivant la richesse de leurs parents,