Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

individu, l’utilité commune exige qu’elles se subdivisent de plus en plus, parce qu’une profession plus bornée peut être mieux exercée, même avec une égale capacité et le même travail. Il n’en est pas de même des pro-fessions qui, donnant des relations directes avec la société entière, et agissant sur elle, sont de véritables fonctions publiques.

Lorsque la confection des lois, les travaux d’administration, la fonction de juger, deviennent des professions particulières réservées à ceux qui s’y sont préparés par des études propres à chacune, alors on ne peut plus dire qu’il règne une véritable liberté. Il se forme nécessairement dans une nation une espèce d’aristocratie, non de talents et de lumières, mais de professions. C’est ainsi qu’en Angleterre celle d’homme de loi est parvenue à concentrer, parmi ses membres, pres-que tout le pouvoir réel. Le pays le plus libre est celui où un plus grand nombre de fonctions publiques peuvent être exercées par ceux qui n’ont reçu qu’une instruction commune. Il faut donc que les lois cherchent à rendre plus simple l’exercice de ces fonctions, et qu’en même temps un système d’éducation sagement combiné donne à cette instruction commune toute l’étendue nécessaire pour rendre dignes de remplir ces fonctions ceux qui ont su en profiter.

2o Pour que la division des métiers et des professions ne conduise pas le peuple à la stupidité.

M. Smith a remarqué que, plus les professions