Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/205

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l’instruction des enfants s’applique également à celle des hommes ; il faut qu’elle puisse se proportionner et à leur capacité naturelle, à l’étendue de leur instruction première, et au temps qu’ils peuvent ou qu’ils veulent encore y consacrer, afin d’établir toute l’égalité qui peut exister entre des choses nécessairement inégales, celle qui exclut, non la supériorité, mais la dépendance.

Sous une constitution fondée sur des principes injustes, et dans laquelle cependant un mélange adroit de monarchie ou d’aristocratie assurerait la tranquillité et le bien-être du peuple, dont il détruirait la liberté, une instruction publique générale serait sans doute utile : cependant l’État pourrait conserver sans elle la paix, et même une sorte de prospérité. Mais une constitution vraiment libre, où toutes les classes de la société jouissent des mêmes droits, ne peut subsister si l’ignorance d’une partie des citoyens ne leur permet pas d’en connaître la nature et les limites, les oblige de prononcer sur ce qu’ils ne connaissent pas, de choisir quand ils ne peuvent juger ; une telle constitution se détruirait d’elle-même après quelques orages, et dégénérerait en une de ces formes de gouvernement qui ne peuvent conserver la paix au milieu d’un peuple ignorant et corrompu.

Nécessité d’examiner à part chaque division et chaque degré de l’instruction.

Pour chacune des nombreuses divisions qui viennent d’être établies,