Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/210

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obstacles, ou il faudrait renoncer aux avantages d’une institution qui embrassât la généralité des citoyens. Enfin, dans l’une et dans l’autre supposition, les enfants ne se-raient élevés ni pour eux-mêmes, ni pour la patrie, ni pour les besoins qu’ils auront à satisfaire, ni pour les devoirs qu’ils seront obligés de remplir.

Une éducation commune ne peut pas se graduer comme l’instruction. Il faut qu’elle soit complète, sinon elle est nulle et même nuisible.

2o Parce qu’alors elle porterait atteinte aux droits des parents.

Un autre motif oblige encore de borner l’éducation publique à la seule instruction ; c’est qu’on ne peut l’étendre plus loin sans blesser des droits que la puissance publique doit respecter.

Les hommes ne se sont rassemblés en société que pour obtenir la jouissance plus entière, plus paisible et plus assurée de leurs droits naturels, et, sans doute, on doit y comprendre celui de veiller sur les premières années de ses enfants, de suppléer à leur inintelligence, de soutenir leur faiblesse, de guider leur raison naissante et de les préparer au bonheur. C’est un devoir imposé par la nature, et il en résulte un droit que la tendresse paternelle ne peut abandonner. On commettrait donc une véritable injustice en donnant à la majorité réelle des chefs de famille, et plus encore en confiant à celle de leurs représentants le pouvoir d’obliger les pères à renoncer