Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/246

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de toutes les lois inégales. Rendons le peuple sensible et doux pour qu’on ne s’effraye plus de voir la puissance résider entre ses mains ; et pour qu’on ne se repente pas de l’avoir rétabli dans tous ses droits, donnons-lui cette humanité qui peut seule lui apprendre à les exercer avec une généreuse modération. L’homme compatissant n’a pas besoin d’être éclairé pour être bon, et la plus simple raison lui suffit pour être vertueux. Dans l’homme insensible, au contraire, une faible bonté suppose de grandes lumières, et il ne peut devenir vertueux sans l’appui d’une philosophie profonde, ou de cet enthousiasme qu’inspirent certains préjugés ; enthousiasme toujours dangereux, parce qu’il érige en vertu tout crime utile aux intérêts des fourbes dont ces préjugés ont fondé la puissance.

Description d’objets physiques.

On placerait à la suite de ces histoires morales, ou bien l’on entremêlerait avec elles de courtes descriptions d’animaux et de végétaux, choisis dans le nombre de ceux que les élèves peuvent observer, et sur lesquels on leur montrerait la justesse des descriptions qu’on leur ferait lire. Ils y trouveraient le plaisir de se rappeler des choses qu’ils ont vues sans les remarquer. Ils sentiraient déjà cette utilité qu’ont les livres, de nous faire retrouver des idées acquises qui nous échapperaient sans leur secours. Ils apprendraient à mieux voir les objets que le hasard leur présente ; enfin, ils commenceraient à prendre