Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/249

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enfants ont besoin d’estimer la science d’un maître pour profiter de ses leçons.

Comment on doit entendre le précepte de n’employer avec les enfants que des mots qu’ils puissent comprendre.

On sent que les livres destinés à donner aux enfants la première habitude de lire, ne doivent renfermer que des phrases d’une construction simple et facile à saisir. L’habitude de ces formes de phrases leur en fera découvrir la syntaxe par une sorte de routine ; il faut aussi qu’ils puissent en entendre tous les mots au moins à l’aide d’une simple explication ; mais cette dernière condition exige ici quelques développements.

Il n’y a peut-être pas un seul mot de la langue qu’un enfant comprenne, si on veut entendre par là qu’il y attachera le même sens qu’un homme dont l’expérience a étendu les idées et leur a donné de la précision et de la justesse. Sans entrer ici dans une discussion métaphysique sur la différence qui peut exister entre les idées que différents hommes attachent à un mot, même quand, paraissant convenir entre eux du sens qu’il présente, ils adoptent également les propositions où ce mot est employé, je me bornerai à observer que les mots expriment évidemment des idées différentes suivant les divers degrés de science que les hommes ont acquis. Par exemple, le mot or ne réveille pas la même idée pour un homme ignorant et pour un homme instruit,