Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/250

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pour celui-ci et pour un physicien, ou même pour un physicien et pour un chimiste : il renferme pour ce dernier un beaucoup plus grand nombre d’idées, et peut-être d’autres idées. Le mot bélier, le mot avoine, ne réveillent pas les mêmes idées dans la tête d’un homme de la campagne et dans celle d’un naturaliste : non seulement le nombre de ces idées est plus grand pour ce dernier, mais les caractères par lesquels chacun d’eux distingue le bélier d’un autre animal, l’avoine d’une autre plante, et qu’on peut appeler la définition du mot ou de l’objet, ne sont pas les mêmes. Il ne peut y avoir d’exception que pour les mots qui expriment des idées abstraites très simples, et dans un autre sens pour ceux qui sont susceptibles de véritables définitions, tels que les mots des sciences mathématiques. Par exemple, si on appelle cercle la courbe dont tous les points sont également éloignés d’un point déterminé qu’on nomme centre, cette définition est la même pour l’enfant qui ne connaît que cette propriété du cercle, et pour le géomètre à qui toutes celles qui ont été découvertes peuvent être présentes. Toutes, en effet, dépendent de cette propriété première. Cependant, on ne peut pas dire, dans un sens rigoureux, que l’idée réveillée par le mot de cercle soit essentiellement la même ; car l’esprit de celui qui le prononce peut s’arrêter sur sa simple définition, ou envisager en même temps d’autres propriétés ; il peut même s’attacher exclusivement à une de celles-ci. De plus, comme il serait possible de donner une autre définition du cercle, c’est-à-dire, de le désigner par une