Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/251

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autre propriété de laquelle toutes les autres dériveraient également, on ne pourrait pas dire que deux hommes qui auraient reçu ces définitions différentes, eussent la même idée en prononçant le mot de cercle. Ils s’entendraient cependant comme ceux qui, prononçant les mots d’or, de bélier, d’avoine et d’autres substances physiques, s’entendraient aussi, quoique leurs idées différassent entre elles. Quelle en est donc la raison ? C’est que les propositions formées de ces idées différentes et exprimées par les mêmes mots sont également vraies. Par exemple, une même proposition sur le cercle est vraie pour celui qui le définit la courbe dont tous les points sont également éloignés du centre, et pour celui qui l’aurait défini une courbe telle que les produits de deux lignes terminées par elle, et qui se coupent dans son intérieur, soient toujours égaux entre eux : et la même chose aura lieu pour toutes les propositions vraies qu’on peut former sur le cercle. Celui qui désigne par le mot or une substance malléable, ductile, de couleur jaune et très pesante, s’entendra avec un chimiste dans tout ce qu’ils diront de l’or, quoique ce chimiste ait ajouté à cette idée d’autres propriétés, pourvu que les propositions dans lesquelles ils emploient le mot or soient également vraies pour ces deux idées différentes : mais ils cesseraient de s’entendre dans toutes les propositions qui seraient vraies pour une substance ayant toutes les propriétés que le premier connaît dans ce qu’il appelle or, et qui ne le seraient pas pour une substance ayant toutes celles que le chimiste reconnaît