morales ; mais les sentiments naturels sur lesquels on chercherait à fixer l’attention seraient déjà plus réfléchis. Ainsi, aux premiers mouvements de la pitié, on substituerait ceux de la bienfaisance et les douceurs qui accompagnent les soins de l’humanité ; au sentiment de la reconnaissance le plaisir d’en donner des marques, le zèle attentif de l’amitié à ses douces émotions. À cette époque, les histoires auraient aussi pour objet de faire naître les idées morales, de manière que les enfants, avertis de faire attention à leurs sentiments, à leurs propres aperçus, pussent former eux-mêmes ces idées. Le livre destiné au maître lui indiquerait les moyens de les développer ; elles seraient ensuite fixées dans l’esprit des élèves par de courtes analyses faites par le maître, et c’est alors que le nom leur en serait révélé.
Réflexions sur la langue des sciences morales.
On doit attribuer en grande partie l’imperfection des sciences morales à l’espèce de nécessité où l’on se trouve d’y employer des mots qui ont, dans le langage vulgaire, un sens différent de leur sens philosophique. Il est possible de séparer ces deux sens l’un de l’autre d’une manière assez absolue pour que ce qui reste de vague dans le premier ne nuise pas à la précision des idées, même quand le mot doit être employé dans le second. D’ailleurs, la plupart de ces mots étaient connus de ceux qui les prononcent, et ils s’en servaient, dans le sens vulgaire,