Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/301

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un fonds d’accumulation. Si le maître mourait en fonction, ce fonds appartiendrait à ses enfants, à sa femme, et même à son père ou à sa mère, s’ils vivaient encore. Si le maître se retirait, soit après avoir rempli son temps, soit par démission, il jouirait d’abord de l’intérêt du fonds d’accumulation, qui, à sa mort, appartiendrait à sa famille en ligne directe, et ensuite d’une rente viagère telle que le fonds destiné à la produire le donnerait pour une tête de son âge, sans que cependant cette retraite excédât jamais les appointements de la place. S’il ne laissait pas d’héritiers en ligne directe, il ne pourrait disposer, après sa mort, que du quart du fonds d’accumulation, fonds qui s’arrêterait lorsqu’il produirait une rente perpétuelle égale aux appointements[1].

  1. Supposons une place ayant 600 livres d’appointements, et que par conséquent on accumule un fonds de 100 livres, et aussi 100 livres pour former une rente viagère. Au bout de quinze ans, le maître aurait une retraite de 80 livres de rente foncière, remboursable de 2 000 livres à sa mort, et 174 livres de rente viagère (en supposant qu’il commence sa carrière a vingt-cinq ans) : total 254 livres. Après vingt ans, dans la même hypothèse, il aurait 116 livres de rente foncière, remboursable de 2 900 livres à sa mort, et 275 livres en rente viagère ; en tout, 391 livres à sa mort, et 275 livres de rente viagère ; en tout, 391 livres. Après vingtsix ans, il aurait 600 livres de retraite, dont 176 livres de rente perpétuelle, remboursable de 4 400 livres, et alors ses avantages n’augmenteraient plus que pour sa famille. D’où l’on voit, 1° que cette forme de récompense ne donne pas un intérêt trop pressant de se perpétuer dans sa place, et en donne cependant un très suffisant à ceux qui sont attachés à leurs familles, c’est-à-dire, aux hommes les plus honnêtes, qu’on doit surtout désirer de conserver, 2° qu’elle offre un encouragement non moins