Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/307

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maîtres, il est nécessaire d’entrer dans quelques détails sur leur nature et sur l’esprit qui les anime.

L’honneur que j’ai d’être attaché depuis longtemps à une des sociétés savantes les plus célèbres m’impose ici le devoir d’une austère franchise.


Les compagnies savantes doivent se renouveler par leur propre choix.


Il est de la nature des compagnies savantes de choisir elles seules leurs membres ; en effet, puisque leur objet essentiel est d’augmenter les lumières, d’ajouter à la masse des vérités connues, il est clair qu’elles doivent être composées des hommes de qui on peut attendre ces progrès. Eh ! qui donc décidera si un individu doit être placé dans cette classe, sinon ceux qui sont censés eux-mêmes en faire partie ? Toute autre méthode serait absurde.


Examen des reproches qu’on leur fait.


On leur a reproché également et que leurs choix appelaient dans leur sein un grand nombre de savants ou de littérateurs médiocres, et qu’elles se faisaient un jeu d’exclure les hommes d’un mérite distingué, qui, par l’indépendance de leur caractère et de leurs opinions, avaient blessé la vanité ou la morgue de ces auteurs à brevet et de ces savants privilégiés. Le premier reproche peut être fondé à quelques égards : le nombre des places étant nécessairement fixé (car un nombre illimité exposerait bien