Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/306

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tement. Une seule de ces sociétés suffirait dans chacun pour embrasser l’universalité des connaissances humaines ; on l’affaiblirait en la divisant ; et au lieu d’une société où l’honneur d’être admis serait une distinction, où l’on pourrait espérer de ne voir appeler que des hommes d’un mérite réel, on n’aurait bientôt que de petites sociétés dévouées à la médiocrité. J’ajouterai qu’il est inutile d’exiger de leurs membres la résidence dans le chef-lieu ; leur réunion personnelle n’est nécessaire ni pour qu’il s’établisse entre eux une communication suffisante, ni pour les élections qu’ils peuvent être chargés de faire. Il s’est formé en Italie une société ainsi dispersée, et elle y subsiste avec succès depuis plusieurs années. Par ce moyen, on n’est pas obligé de se borner à ceux qui habitent le chef-lieu, ou qu’on peut y fixer par des places ; les connaissances plus uniformément répandues sont plus généralement utiles, et l’on profite à la fois des avantages de la réunion et de ceux de la dispersion des lumières.

Ce n’est pas encore ici le lieu de développer la constitution qui convient à ces sociétés, de montrer combien elles sont nécessaires à l’instruction, non des enfants, mais des hommes, à l’accroissement, et peut-être même à la conservation des lumières ; combien nous sommes éloignés du moment où elles deviendraient inutiles ; combien il est absurde de les croire sans force pour l’encouragement du génie, et vide de sens de prétendre qu’elles lui ôtent sa liberté. Mais, avant de parler de l’influence que je crois utile de leur donner sur le choix des