Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/310

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

perdaient leur temps à expliquer par je ne sais quelles combinaisons de tourbillons, ni d’admirer les découvertes de calcul qu’ils gémissaient de voir si mal employées.

On a objecté à ces mêmes compagnies leur répugnance à reconnaître les découvertes, les nouveautés utiles quand elles n’ont pas pour auteurs ou des académiciens, ou des hommes liés avec eux de société ou d’opinion. On peut encore ici en appeler à l’expérience. Depuis que ces sociétés existent (et quelques-unes datent de plus d’un siècle), on ne citerait pas l’exemple d’une seule invention réelle qui ait été rejetée par elles. Sans doute elles n’ont pas voulu les approuver sans preuves ; elles ont distingué soigneusement entre ce qu’on admet d’après une première impression, comme une chose probable qu’on se réserve d’examiner lorsqu’on voudra ou la faire servir de base à une théorie, ou l’employer dans la pratique, et ce qu’on déclare solennellement reconnaître pour une vérité ; mais cette lenteur, cette rigueur scrupuleuse n’est-elle pas le meilleur garant de la sûreté de leurs décisions ? Et des philosophes qui savent que les vérités prouvées ne diffèrent des simples aperçus de l’instinct que par un degré plus grand de probabilité, pourraient-ils avoir une autre conduite, professer d’autres principes ? Qu’ensuite on examine ces découvertes repoussées avec tant de cruauté ; qu’on écoute sur elles le jugement infaillible que le temps en a porté, on verra qu’elles se réduisent à des demi-vérités anciennement connues ou à de pures chimères ; qu’elles