Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/329

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lez les relever dans l’opinion, ne commencez donc point par lier leur gloire à un intérêt pécuniaire, le plus avilissant de tous, par faire de leurs gains la mesure de leur célébrité et de leurs succès. D’ailleurs, cette émulation supposerait un grand concours de disciples, ce qui n’aura pas lieu dans la plupart des établissements, ni pour la plupart des professeurs. Enfin, si cette préférence des disciples produit une véritable émulation pour les genres d’enseignement d’un ordre supérieur confiés à des maîtres vraiment célèbres, on ne peut en attendre, dans les enseignements élémentaires dont il s’agit ici, que l’inconvénient de favoriser ceux qui auraient le talent de la parole, au préjudice de ceux qui auraient la philosophie et le talent de l’instruction ; et vous n’encourageriez dans les maîtres que le charlatanisme facile, propre à séduire les parents qui doivent décider du choix.

D’ailleurs, il en résulterait une inégalité plus grande dans l’instruction ; tel homme en état de payer pour son fils une nourriture simple dans une pension, ou dans la maison d’un ami, d’un parent, ne le pourra plus, s’il faut y ajouter l’honoraire de plusieurs maîtres. Les villes les plus opulentes, les pays riches auront exclusivement les meilleurs maîtres, et ajouteront cet avantage à tous les autres.


On a conservé dans ce plan l’indépendance nécessaire pour la liberté.


Il me reste à examiner maintenant si l’on respecte