Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/350

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tudes à l’empire du hasard ; mais on peut mettre à profit les événements, quels qu’ils puissent être.

Tout ce qui est vraiment indépendant de la volonté humaine peut être utilement employé par une raison éclairée : excepté les mauvais principes qui naissent de la communication avec des hommes corrompus, tout peut être plié aux vues d’une éducation bien dirigée. Les bienfaits de la fortune, comme ses revers, le calme et la santé, la tristesse ou l’excessive sensibilité qui accompagne les souffrances, les avantages ou les désavantages personnels, donnent également les moyens de former le caractère et le sens moral. Les actions, les sentiments dont les enfants sont témoins, peuvent fournir des leçons utiles, soit qu’ils méritent d’être imités, soit qu’ils ne doivent inspirer que de l’indignation ou du mépris. Cette science d’employer ce qu’offre la suite des événements, quand on ne peut les diriger à son gré, doit, dans la pratique commune, se borner à un petit nombre de préceptes fondés sur l’observation et sur la connaissance de la nature ; et ces préceptes, développés par des exemples bien choisis, seront facilement mis à la portée des hommes les moins instruits. je n’insiste point sur ce qu’on appelle les mœurs. Veut-on en inspirer ? qu’on éloigne, au lieu de les fortifier, ces idées chimériques de pureté, ces sentiments d’une horreur machinale, qui ne sont l’ouvrage ni de la nature ni de la raison ; mais qu’on apprenne aux enfants que celui qui se fait un jeu des peines d’un autre, ou en sacrifie le bonheur a ses fantaisies, n’est qu’un homme dur et barbare, qui,