Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/349

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fatigue, un moyen de prolonger une existence pénible. L’un peut être heureux et libre sans rien posséder, l’autre est condamné à une dépendance dont à peine les richesses peuvent l’affranchir.

À ces éléments d’éducation physique, on joindra quelques principes d’éducation morale, propres à donner aux chefs de famille des moyens de diriger vers le bonheur, la sagesse et la vertu, les habitudes que les enfants contractent à mesure qu’ils avancent dans la vie. Soumis, comme les hommes, à l’influence des impressions que font sur eux, et les objets que le hasard leur présente, et les discours qu’ils entendent, et les actions dont ils sont témoins, et les événements de leur vie, ils ne sont pas défendus par la force d’habitudes plus anciennes, ou par ces intérêts plus puissants que leurs rapports dans la société n’ont pu encore leur donner ; ils doivent donc céder plus aisément à ces impressions, être plus inévitablement modifiés par elles. Si on les abandonne absolument au hasard, quand même on pourrait se flatter qu’ils conserveraient ces grands traits de bonté et de justice originelle, résultat nécessaire des lois de la nature, ne devrait-on pas craindre que ces traits ne perdissent au moins leur pureté ou leur ensemble, comme on voit souvent la régularité que la nature avait donnée à ceux du visage, s’altérer par l’effet des maladies de l’enfance, d’une nourriture plus ou moins saine, d’un travail forcé, et par l’influence de la température ou l’insalubrité du climat ? On ne peut sans doute gouverner ici tous les événements, et soustraire absolument ces habi-