Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/352

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instruction, le serait en même temps de donner chaque dimanche une leçon où seraient admis les enfants sortis des écoles, les jeunes gens des deux sexes, les pères et les mères de famille ; car il faut encore ici bien se garder de séparer les hommes des femmes, de préparer à celles-ci une instruction plus bornée, et d’abuser du nom de la nature pour consacrer les préjugés de l’ignorance et la tyrannie de la force. Une nation ne peut avoir d’instruction publique, si les femmes ne peuvent y remplir les devoirs d’instituteurs domestiques ; et pourquoi exclurait-on de fonctions qui doivent employer un grand nombre d’individus, et qui exigent une vie sédentaire, précisément la moitié du genre humain, à qui sa constitution physique en impose la nécessité et en donne le goût ?

Pour des hommes occupés, la plupart, de travaux corporels, le jour de repos peut être aussi un jour d’étude ; car le repos vraiment salutaire ne consiste pas dans la nullité absolue, mais dans le changement d’action. L’homme qui a travaillé toute la semaine à un ouvrage pénible se délasse lorsqu’il exerce son esprit, comme le travail du corps reposerait le savant fatigué par de trop longues méditations.

D’ailleurs, si, par des motifs d’utilité qu’il serait superflu de détailler ici, les hommes, au lieu de choisir arbitrairement leurs moments de repos, sont convenus d’y consacrer le même jour, et de l’assujettir à une période régulière, ce jour sera rempli tout entier ou par des affaires, ou par des divertissements.