Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/361

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sées. Ils verront avec intérêt les efforts que le courage a faits pour la liberté rendus inutiles par l’ignorance, et partout l’inégalité ramenant la tyrannie. Ils admireront quelques hommes rares s’élevant au-dessus de leur siècle, et ne prenant de ses erreurs qu’assez pour ne pas rendre trop invraisemblable qu’ils aient pu lui appartenir.

Les éloges faits dans les académies donneraient des modèles pour la vie des savants, des philosophes, des littérateurs célèbres. Dans les siècles de préjugés, ceux qui ont éclairé les hommes ont diminué souvent le mal que leur faisaient ceux qui les gouvernaient, et dans un siècle de lumières toute vérité nouvelle devient un bienfait. L’histoire des pensées des philosophes n’est pas moins que celle des actions des hommes publics une partie de l’histoire du genre humain. D’ailleurs, les vertus simples d’hommes heureux par l’indépendance et par l’étude, sont d’une imitation plus facile, plus générale que les vertus publiques d’un général ou d’un chef de nation. Il serait utile que tout homme eût les vertus d’un sage, mais bien peu trouveraient à employer celles d’un héros ; et il n’est pas à désirer que beaucoup en aient ni le désir ni le besoin[1].

Si des contes d’invention sont préférables pour les enfants, dont l’esprit naissant encore a besoin que les événements qui doivent lui servir de leçons se proportionnent à sa faiblesse, l’histoire convient

  1. On pourrait également se servir de ces éloges, mais avec des changements. Ce projet a été exécuté en partie par M. Manuel.