Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/377

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art destiné à ces nobles divertissements. Il ne serait pas nécessaire que ces tragédies eussent un grand intérêt, pourvu qu’elles présentassent un fait historique imposant, et elles seraient préférables à la simple pantomime qui, exigeant de l’habitude pour être comprise, ne peut convenir à des spectacles qui ne sont pas journaliers. Ces pièces seraient en vers, afin que l’on en retînt plus aisément les maximes, et qu’on pût, par une déclamation un peu mesurée, se faire entendre d’un plus grand nombre de spectateurs : elles offriraient à l’art de nouvelles difficultés à vaincre, mais aussi il en naîtrait de nouvelles beautés.

Des marches solennelles, des revues et évolutions militaires, des exercices gymnastiques rapprochés de nos mœurs, différents de ceux des anciens, mais propres comme les leurs à disposer aux emplois sérieux de nos forces, ou destinés à prévenir les effets des habitudes nuisibles que certaines professions peuvent faire contracter ; des danses dont les figures et les mouvements rappelleraient les événements qu’on veut célébrer ; tous ces jeux seraient préparés dans des lieux dont les décorations, les inscriptions parleraient le même langage, ramèneraient aux mêmes idées, et ces exercices seraient à la fois un divertissement pour la jeunesse et l’enfance, un spectacle pour l’âge mûr et la vieillesse.

Les exercices des Grecs se rapportaient tous à l’art militaire ; mais bientôt, dans leur enthousiasme pour ces jeux, ils firent ce qui arrive si souvent aux hommes ; ils oublièrent le but, et se passionnèrent