Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/376

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pu agir tout entière ; celles-ci ne pourraient dater que du moment de sa liberté ; il n’a pu exister avant elle d’événements vraiment nationaux : mais il n’en serait pas de même des fêtes particulières. Une ville pourrait célébrer la naissance d’un homme illustre qui a reçu la vie dans ses murs, ou les actions généreuses de ses citoyens. Il y a de grands hommes et de belles actions sous toutes les constitutions. Repousser l’ennemi des remparts de sa ville, se dévouer pour le salut de sa contrée, quand même on n’a pas de patrie, de telles actions peuvent être encore des modèles d’héroïsme. Ces fêtes seraient accompagnées de spectacles donnés aux citoyens. Malgré le peu de constance de notre climat, il n’est pas impossible même dans les plus grandes villes, d’avoir, non des spectacles gratis, espèce d’aumône qu’on donne au peuple, et qui lui fait plutôt envier que partager les plaisirs du riche, mais des spectacles vraiment populaires. Sans doute, une tragédie compliquée, remplie des maximes ingénieuses, offrant les développements de toutes les nuances, de toutes les finesses du sentiment, exigeant une attention soutenue, une intelligence parfaite de tous les mots, et même la facilité de suppléer à ceux que l’oreille n’a entendu qu’à demi ; sans doute une tragédie de ce genre ne conviendrait pas à ces spectacles ; mais des pièces simples, où il y aurait plus d’actions que de paroles, plus de tableaux que d’analyses ; où les pensées seraient fortes, où les passions seraient peintes à grands traits, pourraient y être entendues ; et de la réunion de la pantomime à l’art dramatique naîtrait un nouvel