prêtre de Memphis à Euler, et remplit la distance immense qui les sépare ; qu’on observe à chaque époque le génie devançant le siècle présent, et la médiocrité atteignant à ce qu’il avait découvert dans celui qui précédait, on apprendra que la nature nous a donné les moyens d’épargner le temps et de ménager l’attention, et qu’il n’existe aucune raison de croire que ces moyens puissent avoir un terme. On verra qu’au moment où une multitude de solutions particulières de faits isolés commencent à épuiser l’attention, à fatiguer la mémoire, ces théories dispersées viennent se perdre dans une méthode générale, tous les faits se réunir dans un fait unique, et que ces généralisations, ces réunions répétées n’ont, comme les multiplications successives d’un nombre par lui-même, d’autre limite qu’un infini auquel il est impossible d’atteindre.
Mais une des principales utilités d’une nouvelle forme d’instruction, une de celles qui peuvent le plus tôt se faire sentir, c’est celle de porter la philosophie dans la politique, ou plutôt de les confondre.
Il n’existe, en effet, que deux espèces de politique, celle des philosophes, qui s’appuie sur le droit naturel et sur la raison, et celle des intrigants, qu’ils fondent sur leur intérêt, et que pour trouver des dupes ils colorent par des principes de convenance et des prétextes d’utilité.