Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/389

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professions ne s’y livrent que pour s’assurer une subsistance plus ou moins étendue ; ce n’est pas la société entière qu’ils servent, c’est avec d’autres individus qu’ils échangent leur travail contre de l’argent ou contre un autre travail.

Il est d’autres professions, au contraire, dont l’utilité commune paraît être le premier objet ; c’est à la société en corps que ceux qui les embrassent consacrent leur temps et leur travail, et elles sont en quelque sorte des fonctions publiques.

On doit placer dans la première classe tous les métiers, toutes les professions mécaniques, et même les arts libéraux, quand ils ne sont véritablement exercés que comme des métiers.

La peinture, la sculpture sont des arts dans un homme qui sait exprimer les passions et les caractères, émouvoir l’âme ou l’attendrir, réaliser enfin ce beau idéal dont l’observation de la nature et l’étude des grands modèles lui a révélé le secret ; mais un peintre, un sculpteur, qui décore les appartements d’ornements ou de figures qu’il copie, n’exerce réellement qu’un métier : l’un crée de nouveaux plaisirs pour les hommes éclairés et sensibles, l’autre sert le goût ou la vanité des hommes riches.

Les motifs de former des établissements publics d’instruction destinés aux diverses professions ne sont pas les mêmes pour ces deux classes. Pour les professions qu’on peut regarder comme publiques, on doit considérer surtout l’avantage d’en confier l’exercice à des hommes plus éclairés. On doit chercher à perfectionner les autres dans la vue d’aug-