Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/410

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une exactitude sévère à regarder comme un devoir rigoureux la modestie de recourir à celles d’autrui lorsqu’on sent l’insuffisance des siennes. Croit-on qu’un médecin qui aurait reçu toutes les connaissances qu’il peut aujourd’hui puiser dans l’étude de l’histoire naturelle, de la chimie, de l’anatomie, dans les nombreuses observations des médecins de tous les siècles, dans les leçons données par un homme habile auprès du lit des malades, ne vaudra pas mieux que celui qui aurait été élevé au milieu des préjugés et des systèmes de l’école, ou qui n’aurait eu d’autre apprentissage auprès des malades que ses propres erreurs ? Si la médecine n’est pas encore une véritable science, rien n’empêche de penser qu’elle doit le devenir un jour. Combinons donc l’instruction de manière à rendre les secours de cet art aussi utiles qu’ils peuvent l’être dans son état actuel, et en même temps à nous rapprocher de l’époque d’un changement moins éloigné que ne le croient les hommes qui ne suivent pas dans leurs détails les progrès des sciences physiques et ceux de l’art d’observer. Nous touchons à une grande révolution dans l’application des sciences physiques et chimiques aux besoins et au bonheur des hommes ; encore quelques rochers à franchir, et un horizon immense va se développer à nos regards. Tout annonce une de ces époques heureuses où l’esprit humain, passant tout à coup de l’obscurité des pénibles recherches au jour brillant et pur que lui offrent leurs grands résultats, jouit en un jour des travaux de plusieurs générations.