Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/411

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Pour remplir le premier objet dans l’instruction donnée à ceux qui doivent offrir des secours à la généralité des citoyens dans les maladies ordinaires, et de qui le grand nombre ne permet pas d’exiger d’eux de longues études, on cherchera plus encore à détruire la fausse science, à empêcher toute activité dangereuse qu’à enseigner les moyens d’agir, trop souvent incertains dans leurs effets, ou dont l’application est trop équivoque. Mais, pour ceux qui sont destinés à porter des secours dans les circonstances extraordinaires, ou a qui tout ce qui est connu doit être enseigné, à qui l’on doit surtout apprendre à juger leurs propres lumières, on s’attachera principalement à porter dans l’enseignement de la médecine la méthode des sciences physiques, la précision avec laquelle on y observe les faits, la philosophie qui en dirige la marche et en assure les progrès. Alors on sera sûr d’avoir établi une instruction utile. N’y a-t-il pas, en effet, tout lieu de croire qu’il faut moins de temps pour faire de la médecine une vraie science que pour engager les hommes à renoncer au secours d’une médecine même dangereuse ; qu’il y aura des médecins éclairés et philosophes avant que l’on soit désabusé des charlatans ; enfin, des méthodes de guérir sinon certaines, du moins très probables, avant que les hommes ne soient parvenus à ne plus devenir faibles et crédules lorsqu’ils souffrent, à n’avoir plus besoin dans leurs douleurs d’être bercés par l’espérance et distraits de leurs maux par l’occupation de faire ce qu’ils croient devoir les guérir ?