Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/418

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lents d’un virtuose célèbre, s’ils ne l’entendent pas dans le concert qu’ils ont préparé. Il n’en est pas de même de ceux dont le goût pour les arts est l’effet de leur sensibilité. Ils n’ont pas besoin, pour en jouir, d’un privilège de propriété. Si donc il n’y a point de particuliers assez riches pour encourager les grands ouvrages de l’art ; si les monuments publics dirigés par une sage économie ne suffisent pas, des sociétés libres d’amateurs s’empresseront d’y suppléer. Dans les pays où l’homme égal à l’homme ne s’agenouille point devant son semblable, revêtu par lui-même de titres imaginaires, comme le statuaire devant le dieu qu’il a formé de ses mains, ces sociétés remplaceront avec avantage ce que les arts et les sciences pourraient attendre ailleurs de la protection des rois ou des grands. Animées de l’esprit public, dirigées par des hommes éclairées, l’intrigue et le caprice ne présideraient point aux encouragements qu’elles donneraient ; ces encouragements n’ôteraient rien aux arts de leur dignité naturelle, aux artistes de leur indépendance.


Sociétés destinées aux progrès des arts.


L’instruction relative à l’économie rurale, à la science de la guerre, à la marine, à l’art de guérir, à celui des constructions, aux arts du dessin, ne serait pas complète, s’il n’existait des sociétés destinées aux progrès de ces arts, et où ceux qui les cultivent pussent trouver des lumières, et surtout des préservatifs assurés contre l’erreur.