Ces sociétés, établies dans la capitale, doivent y être séparées des sociétés savantes proprement dites. En effet, si l’économie rurale est une partie de la botanique et de la zoologie ; si l’art de guérir est fondé sur l’anatomie, sur la chimie, sur la botanique ; si celui des constructions, comme la science de la guerre et la marine, a les mathématiques pour base, la manière dont les sociétés savantes et celles qui ont pour but la perfection de ces arts considèrent le même objet, emploient les mêmes vérités, doit être différente. Si vous introduisez dans les sociétés savantes l’idée de préférer les connaissances immédiatement applicables a la pratique, d’écarter les théories qui ne présentent aucune utilité prochaine, alors vous énervez en elles la force avec laquelle elles doivent s’élancer dans ces régions immenses où repose la foule des vérités encore cachées à nos regards.
Si, au contraire, ces mêmes sociétés envisagent les arts d’une manière trop spéculative, il existera entre la théorie et la pratique un intervalle que le temps seul pourra franchir ; les découvertes spéculatives resteront longtemps inutiles, la pratique ne se perfectionnera que lentement et au gré des circonstances. C’est à remplir cet intervalle que les sociétés savantes spécialement appliquées aux arts seront surtout destinées ; elles sauront profiter également et des découvertes des savants et des observations des hommes de l’art ; elles établiront une communication immédiate entre les vérités abstraites et les règles de la pratique ; elles rendront la