Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/424

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à montrer ce qui a été le fruit du travail, et ce qui a été précisément l’ouvrage du génie. En effet, il existe dans chaque découverte un principe, une opération quelconque qu’il a fallu deviner, et qui sépare chaque méthode, chaque théorie, de celle qui, dans l’ordre des idées, a dû la précéder.

Il ne faudrait pas avoir la prétention de s’astreindre à suivre la marche des inventeurs. Cette marche historique est dépendante de celle que suit la science entière à chaque époque, de l’état des opinions, des goûts, des besoins de chaque siècle ; elle n’est pas assez méthodique, assez régulière pour servir de base à l’instruction. Souvent la première solution a été indirecte ou incomplète ; souvent une question qui appartenait à une science est devenue l’occasion de découvertes importantes faites dans une autre ; quelquefois même on y a été conduit par les principes d’une science étrangère. D’ailleurs, ce qui importe véritablement, ce n’est pas de montrer l’art d’inventer dans ceux qui, séparés de nous par un long espace de temps, ignoraient et les méthodes actuelles et les nombreux résultats qui en sont le fruit ; c’est dans ces méthodes nouvelles qu’il faut surtout faire observer les procédés du génie. Voilà ce qu’un maître habile pourra faire ; il saura montrer comment l’homme qui se trouvait obligé de résoudre telle difficulté, a su, entre les fils qui s’offraient à lui, deviner le seul qui pouvait le conduire sûrement. Les livres destinés à cette instruction doivent être faits ou choisis par les maîtres, et doivent l’être d’une manière indépendante ; ces ouvrages ne sont pas, comme