Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/425

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les livres élémentaires de l’instruction commune, destinés à ne contenir que des choses convenues ; ils ne se bornent point à enseigner ce que l’on juge utile pour une certaine profession. Il y aurait du danger pour la liberté à donner la moindre influence sur ce travail à la puissance publique ; il serait à craindre pour le progrès des lumières que les académies y introduisissent l’esprit de système. Les progrès des individus sont plus rapides que ceux des sociétés, et on risquerait de corrompre celles-ci, si on les obligeait à former ou à reconnaître un corps de doctrine.

je ne m’arrêterai point sur l’enseignement des sciences mathématiques ou physiques ; à peine pourrait-on y démêler encore quelques traces de l’esprit de l’école ou de la fausse philosophie, et elles s’effaceront bientôt.


Enseignement des sciences morales.


L’enseignement de la métaphysique, de l’art de raisonner, des différentes branches des sciences politiques, doit être regardé comme entièrement nouveau. Il faut d’abord le délivrer de toutes les chaînes de l’autorité, de tous les liens religieux ou politiques. Il faut oser tout examiner, tout discuter, tout enseigner même. Lorsqu’il s’agit de l’éducation commune, il serait absurde que la puissance publique ne réglât pas ce qui en doit faire partie ; mais il ne le serait pas moins qu’elle voulût le régler, lorsque l’instruction doit embrasser toute la carrière d’une science. Dans le petit nombre de théories qu’on doit déve-