Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/427

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Enseignement de l’histoire.


L’enseignement de l’histoire demande une attention particulière. Ce vaste champ d’observations morales faites en grand, peut offrir une abondante moisson de vérités utiles ; mais presque tout ce qui existe d’histoires serait plus propre à séduire les esprits qu’à les éclairer.

Les auteurs anciens, dont les modernes n’ont été que les copistes, amoureux d’une liberté qu’ils faisaient consister à ne pas avoir de rois et à ne pas dépendre d’un sénat usurpateur, connaissaient peu les lois de la justice naturelle, les droits des hommes et les principe de l’égalité. Presque tous même paraissent pencher en faveur du parti qui, sous prétexte d’établir un gouvernement plus régulier, plus sage, plus paisible, voulait concentrer l’autorité entre les mains des riches. Presque tous ont donné le nom de factieux et de rebelles à ceux qui ont défendu l’égalité, soutenu l’indépendance du peuple, et cherché à augmenter son influence.

Gillies, dans l’histoire de l’ancienne Grèce a prouvé que l’ambition des riches qui voulaient éloigner du gouvernement les citoyens pauvres, et les traiter comme leurs sujets, a été la véritable cause de la perte de la liberté ; que les guerres intestines qui divisèrent les villes grecques ne furent presque jamais qu’un combat entre des riches adroits qui voulaient devenir ou rester les maîtres, et une multitude ignorante qui voulait être libre, et n’en connaissait pas les moyens.