Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/426

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lopper aux enfants, à ceux qui ne peuvent donner que peu de temps à l’instruction, il est bon de faire un choix, et c’est à la volonté nationale à le diriger, mais ce serait attenter à la liberté des pensées, à l’indépendance de la raison, que d’exclure quelques questions de l’ensemble général des connaissances humaines, ou de fixer la manière de les résoudre.

Supposons qu’un maître enseignât une fausse doctrine, la voix des hommes éclairés réunis contre lui n’aurait-elle pas à l’instant discrédité ses leçons ?

Il faut encore chercher à réduire ces sciences à des vérités positives, appuyées, comme celles de la physique, sur des faits généraux et sur des raisonnements rigoureux ; écarter tout ce qui, en parlant à l’âme ou à l’imagination, séduit ou égare la raison, et prouver les vérités avant de prétendre à les faire aimer.

À ces précautions il faut joindre celle de n’employer qu’un langage analytique et précis, de ne point attacher à un mot une signification vague, déterminée uniquement par le sens des phrases où il est employé ; car alors il arrive souvent que, de deux propositions qui paraissent vraies, on déduit une conséquence fausse, parce que le syllogisme a réellement quatre termes.

Si ces grandes questions de la liberté, de la distinction de l’esprit et de la matière, etc., etc. ont tant troublé les imaginations égarées ; si elles ont produit tant de vaines subtilités, c’est parce qu’on se servait d’un langage sans précision, qu’on employait la méthode des définitions au lieu de l’analyse, le raisonnement au lieu de l’observation.