Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/430

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bution des diverses parties de l’enseignement des sciences, ni sur la manière de nommer des professeurs. Les principes que j’ai exposés dans le second mémoire peuvent s’appliquer à tous les degrés, tous les genres d’instruction. Les concours, la concurrence des élèves dans le choix des maîtres serviraient moins à faire tomber la préférence sur les plus habiles, qu’à détourner ceux qui se destinent à cette fonction d’une étude solitaire et profonde ; ils la sacrifieraient à la nécessité d’acquérir les petits talents propres à éblouir les juges ou à séduire les disciples. Mais il est en quelque sorte plus essentiel encore que la nomination de ceux dont l’enseignement a pour but le progrès des sciences soit indépendante de la puissance publique, afin de lui enlever le moyen d’étouffer, dans leur berceau, les vérités qu’elle peut avoir intérêt de craindre. En général, tout pouvoir, de quelque nature qu’il soit, en quelques mains qu’il ait été remis, de quelque manière qu’il ait été conféré, est naturellement ennemi des lumières. On le verra flatter quelquefois les talents, s’ils s’abaissent à devenir les instruments de ses projets ou de sa vanité : mais tout homme qui fera profession de chercher la vérité et de la dire, sera toujours odieux à celui qui exercera l’autorité.

Plus elle est faible et partagée, plus ceux à qui elle est remise sont ignorants et corrompus, plus cette haine est violente. Si l’on peut citer quelques exceptions, c’est lorsque, par une de ces combinaisons extraordinaires qui se reproduisent tout au plus une fois dans vingt siècles, le pouvoir se trouve