Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/431

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entre les mains d’un homme qui réunit un génie puissant à une vertu forte et pure ; car même l’espèce de vertu qui peut appartenir à la médiocrité ne préserve pas de cette maladie, née de la faiblesse et de l’orgueil.

Il n’est pas nécessaire de fouiller dans les archives de l’histoire pour être convaincu de cette triste vérité ; dans chaque pays, à chaque époque, il suffit de regarder autour de soi. Tel doit être, en effet, l’ordre de la nature ; plus les hommes seront éclairés, moins ceux qui ont l’autorité pourront en abuser, et moins aussi il sera nécessaire de donner aux pouvoirs sociaux d’étendue ou d’énergie. La vérité est donc à la fois l’ennemie du pouvoir comme de ceux qui l’exercent, plus elle se répand, moins ceux-ci peuvent espérer de tromper les hommes ; plus elle acquiert de force, moins les sociétés ont besoin d’être gouvernées.


On ne doit point imposer aux maîtres l’obligation de répondre aux questions qu’on leur propose.


Les maîtres seront-ils obligés de donner des éclaircissements à ceux qui leur en demanderaient sur des questions difficiles ? je ne le crois pas. Il n’est point de professeur qui ne donne volontairement la solution des difficultés qu’on lui présente ; mais si on lui en fait un devoir, comment en fixera-t-on la limite ? Répondra-t-il aux questions écrites comme aux questions verbales ? Fixera-t-on le temps qu’il doit employer à ces réponses ? Dans un pays où tous les