Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/439

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pendamment de cette différence qui tient à la nature de la science, ces mêmes tableaux seront plus ou moins défectueux, suivant le degré où la philosophie de la science sera portée, et suivant la perfection plus ou moins grande de la langue qui lui est propre. Ainsi, dans les sciences naturelles, dans les sciences morales, le tableau doit non seulement s’étendre, mais, à quelques égards, il doit changer à chaque génération. C’est un de ces ouvrages qu’il faut s’occuper de perfectionner sans cesse, et ne finir que pour le recommencer.

Ce tableau général ne devrait être ni une collection de traités complets sur les sciences, ni leur histoire détaillée, ni un dictionnaire, mais une exposition systématique où les démonstrations, les conséquences immédiates seraient supprimées, où l’on renverrait aux ouvrages dans lesquels chaque vérité se trouve développée, où l’on pourrait saisir d’un coup d’œil, pour chaque portion de ce vaste ensemble, et quelles sont les richesses et quels sont les besoins de l’esprit humain, où, en observant à quel point il s’est arrêté, on apprendrait quels sont les premiers pas qu’il doit essayer de faire.

Ce ne serait pas un simple inventaire des connaissances humaines, mais un arsenal où le génie pourrait trouver toutes les armes que les travaux de tous les siècles lui ont préparées ; car ces tableaux doivent contenir les méthodes de découvrir comme les découvertes elles-mêmes, les moyens comme les résultats.

Un tel ouvrage ne peut être exécuté que par des