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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 8.djvu/113

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d’amérique sur l’europe.

aux tribunaux de l’État, dans lequel il est le plus facile de vérifier les faits, et ne pas l’attribuer aux tribunaux de l’Union, comme on le propose dans ce paragraphe. Il paraît aussi, d’après le même endroit, que les jurés peuvent être exclus des causes civiles ; négligence importante qu’il est essentiel de corriger.

On ne voit point la raison de cette proportion arithmétique, suivant laquelle on fixe l’âge pour remplir les différentes places[1]. Cette précaution déplacée, injurieuse à la jeunesse, est diamétralement opposée à notre expérience. Combien ne pourrait-on pas compter déjeunes gens dont la conduite exemplaire dément ces soupçons ! Je me contenterai de citer, parmi les anciens, Scipion l’Africain, qui, dès l’âge de vingt-deux ans, étonna le monde par sa vertu, sa sagesse et sa modération, aussi bien que par son courage et son habileté dans l’art de commander.

On a vu dernièrement, dans la chambre des communes de la Grande-Bretagne, un jeune homme de vingt-deux ans se montrer tout d’un coup supérieur à un père, dont la réputation a été trop brillante pour qu’il soit besoin de parler de ses talents, et on le voit maintenant conduire les affaires de ce royaume avec des applaudissements auxquels l’envie même a été forcée de céder.

La conduite d’un jeune héros qui, à dix-neuf ans au

  1. La constitution fédérative proposée exige vingt-cinq ans pour être représentant, trente pour être sénateur, et trente-cinq pour être président.