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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 8.djvu/121

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d’amérique sur l’europe.

rait ce pouvoir au vrai point où la prudence exige qu’on le place. Eux-mêmes seront peut-être les premiers à proposer les modifications convenables.

« L’article le plus dangereux est le pouvoir accordé au président du congrès de commander les armées en personne, et plus encore la faculté de le continuer sans limitation. Si cette partie de la constitution n’était pas bientôt réformée, nos descendants pourraient avoir grand sujet de se plaindre de nous. La place de président deviendrait si considérable, qu’on aurait à craindre, parmi bien d’autres dangers, que quelques cours d’Europe ne jugeassent à propos de se mêler des élections, comme on le voit depuis longtemps en Pologne, au grand préjudice, et je pourrais même dire, au préjudice irréparable de ce pays si vaste et si fertile. Comme un objet de telle importance ne doit pas, ce me semble, avoir été l’effet de l’inattention, il sera bon de réfléchir aux motifs qui peuvent avoir conduit en cela ces grands hommes, et d’examiner si les mêmes motifs peuvent faire désirer qu’on remette les modifications sur cet objet à un temps postérieur.

« Le défaut de vigueur a produit une inaction très-préjudiciable. Pour y remédier comme on le doit, il faut une vigueur plus qu’ordinaires. Cette idée est conforme à l’expérience générale. Notre heureuse étoile nous conserve un homme dont la prudence et la vertu méritent toute notre confiance. Le général Washington est sain et robuste, et n’a pas plus de cinquante-cinq ans. Il sera difficile de trouver dans