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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 8.djvu/122

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l’influence de la révolution

les États-Unis une seule voix qui ne soit pour lui[1]. Il a manifesté, il est vrai, sa résolution de passer le reste de ses jours dans la vie privée ; mais la voix de la patrie lui dira que, quand il en aurait fait le serment à la face des autels, ce serment serait nul, toutes les fois que le salut de son pays réclamerait ses services. Tous ceux qui le connaissent à fond, loin d’en attendre un refus obstiné, pressentiront avec plaisir le temps où ce vertueux citoyen désirera qu’on élise une convention, pour mettre la dernière main à la constitution fédérative, et réduire à de justes bornes l’élection et les devoirs de cette place éminente, laquelle on lui permettra de quitter, par la raison qu’en le continuant, on donnerait un exemple de la plus dangereuse conséquence. Il n’est pas besoin d’un esprit prophétique pour prévoir cet événement : un discernement médiocre suffit, avec la connaissance de notre situation actuelle, et du caractère de nos concitoyens.

« Parmi les divers motifs qui, dans les affaires de l’Union, demandent actuellement une énergie prompte et efficace, il ne faut pas perdre de vue les dispositions apparentes de la Grande-Bretagne. Tous les détails qui sortent de ce pays, relativement au nôtre, ne tendent qu’à nous nuire dans l’Europe entière. Notre ministre en cette cour est traité, par le gouvernement, avec une négligence affectée, et de son côté, ce gouvernement n’a encore envoyé per-

  1. Les caractères de cette trempe, quoique très-rares, ne le sont cependant pas extrêmement ; mais personne n’est aussi universellement connu que le général Washington.