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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 8.djvu/19

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d’amérique sur l’europe.

tion de respecter les droits compris dans les trois premières divisions.

Le bonheur d’une société est d’autant plus grand, que ces droits y appartiennent avec plus d’étendue aux membres de l’État. Mais la jouissance de chacun de ces mêmes droits n’est pas également importante pour le bonheur commun ; nous les avons placés ici suivant l’ordre dans lequel nous croyons qu’ils contribuent à ce bonheur, et nous ajouterons même que, dans une société très-nombreuse, il doit arriver presque nécessairement que le dernier de ces droits se trouve presque nul pour le plus grand nombre des habitants d’un pays.

Des républicains zélés l’ont regardé comme le premier de tous ; et il est vrai sans doute que, dans une nation éclairée, dégagée de toute superstition, où il appartiendrait en réalité à tout citoyen qui pourrait ou voudrait l’exercer, la jouissance de ce droit assurerait celle de tous les autres. Mais il perd ses avantages les plus précieux, si l’ignorance, si les préjugés écartent ceux qui doivent l’exercer du sentier étroit que la règle immuable de la justice leur a tracé ; et, relativement au bonheur public, une république qui aurait des lois tyranniques peut être fort au-dessous d’une monarchie.

En adoptant cet ordre, on sent que la violation très-fréquente ou très-forte d’un droit moins essen-