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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 8.djvu/20

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de l’influence de la révolution

tiel peut nuire davantage au bonheur commun que la violation légère ou très-rare d’un droit plus important ; qu’ainsi, par exemple, une forme dans la jurisprudence criminelle, qui exposerait les innocents à être condamnés par des juges ignorants ou prévenus, peut faire plus de mal à un pays qu’une loi qui condamnerait à mort pour un délit imaginaire très-rare dans le lieu où cette peine est établie. Des lois fiscales, des lois prohibitives peuvent, en attaquant l’exercice libre de la propriété, être plus nuisibles qu’un pouvoir d’emprisonner arbitrairement, dont on ne ferait qu’un usage très-rare.

Ces principes sont simples ; mais la manière d’évaluer les degrés du mal ou du bien que peuvent produire ces différentes lésions des droits naturels, ou la destruction des abus contraires à ces droits, commence à devenir difficile. Il ne suffirait pas de connaître avec précision les effets de chaque loi injuste, de chaque réforme utile, il faudrait encore une mesure commune à laquelle on pût les comparer.

Quant à la seconde classe de moyens de bonheur, il est aisé de voir qu’ils dépendent encore en très-grande partie de l’exercice plus étendu et plus libre des droits naturels, et ils se bornent ensuite d’abord à la jouissance d’une paix durable et assurée avec les puissances étrangères ; puis à l’augmentation des moyens de se procurer plus de jouissances avec un