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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 8.djvu/22

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de l’influence de la révolution

lité, est pour tous les peuples l’effet nécessaire des progrès de chacun d’eux.

La seule exception à cette loi générale, est le cas où un peuple égaré par une fausse politique fatigue ses voisins par son ambition, et cherche, soit par la guerre, soit par des monopoles, soit par des lois prohibitives de commerce, à leur rendre, à ses propres dépens, sa puissance dangereuse et sa prospérité inutile.

Tels sont les principes d’après lesquels je vais essayer de montrer quelle doit être l’influence de la révolution d’Amérique.

On ne trouvera, peut-être, à l’auteur de ces réflexions, d’autre mérite que celui de rêver plus en grand que l’abbé de Saint-Pierre, et il répondra comme lui : Je me consolerai sans peine d’avoir passé toute ma vie pour un rêveur, si je puis espérer qu’un siècle après moi, l’exécution d’une de mes idées puisse faire un peu de bien.

C’est même trop exiger. En cherchant à répandre quelques vérités isolées et stériles en elles-mêmes, on peut faciliter à la longue des combinaisons d’idées plus heureuses et plus fécondes. N’est-ce pas encore être utile que de contribuer à diriger l’attention des bons esprits sur une matière importante, à leur inspirer le désir d’en faire l’objet de leurs méditations ou de leurs recherches ? On n’aurait aucun