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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 8.djvu/21

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d’amérique sur l’europe.

travail égal, soit par celle des lumières et de l’industrie, soit par l’extension des relations avec les autres peuples, soit surtout par une plus grande égalité dans la distribution de ces moyens entre les membres de la société. En effet, comme la population se proportionne nécessairement à la quantité des subsistances, reproduites dans une année ordinaire, on voit aisément que jamais la masse des jouissances pour la pluralité des citoyens ne peut être très-grande, au moins d’une manière constante et durable ; et qu’ainsi c’est dans la distribution plus égale de ces jouissances que l’on doit chercher le bonheur public. C’est à maintenir ou à rétablir cette égalité entre les membres d’une nation, sans nuire au droit de propriété, sans gêner l’exercice légitime de la liberté, que doivent tendre toutes les lois civiles, toutes celles qui ont le commerce pour objet.

Il résulte de ces mêmes principes, que le bonheur d’un peuple, loin de s’accroître par le malheur ou l’affaiblissement de ses voisins, doit augmenter, au contraire, par la prospérité des autres peuples, puisqu’il en recevrait alors l’exemple des bonnes lois ou de la destruction des abus, de nouveaux moyens d’industrie, tous les avantages, enfin, qui naissent de la communication des lumières ; et il est sensible en même temps que la masse des jouissances communes et la facilité de les répartir avec plus d’éga-