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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 8.djvu/24

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de l’influence de la révolution

dans quelques-uns des États-Unis ; mais tous les hommes éclairés en sentent la honte, comme le danger, et cette tache ne souillera plus longtemps la pureté des lois américaines.

Ces sages républicains, encore attachés à quelques restes des préjugés anglais, n’ont pas senti assez que les lois prohibitives, les règlements de commerce, les impôts indirects étaient de véritables atteintes au droit de propriété, dont ces institutions restreignent le libre exercice, car on ne possède point ce dont on ne peut disposer. En établissant une tolérance plus étendue qu’aucune autre nation, ils ont consenti à quelques limitations exigées par le peuple, mais contraires, sinon à l’exercice de la liberté personnelle, du moins au droit qu’a chaque homme de n’être soumis à aucune privation pour avoir cru ce que sa raison lui ordonnait de croire. On pourrait, peut-être, encore trouver dans les lois de quelques États de faibles restes d’un fanatisme trop aigri par de longues persécutions, pour céder aux premiers efforts de la philosophie ; mais si on compare ces atteintes portées aux droits naturels des hommes à tout ce qu’un œil éclairé pourrait en découvrir dans les législations des peuples les plus sages, surtout dans celles de ces nations anciennes que l’on admire tant et que l’on connaît si peu, on sentira que notre opinion sur celles de l’Amérique n’est pas le fruil d’un enthousiasme exagéré, ni pour cette nation, ni pour notre siècle.

D’ailleurs, si on peut faire aux Américains des reproches fondés, ils n’ont pour objet que des erreurs