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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 8.djvu/25

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d’amérique sur l’europe.

particulières ou d’anciens abus que les circonstances n’ont pas permis de corriger. Il leur suffira d’être conséquents pour tout réparer. Ils sont le seul peuple chez lequel on ne tiouve, ni des maximes du machiavélisme éiigées en principes politiques, ni parmi les chefs, l’opinion sincère ou feinte de l’impossibilité de perfectionner l’ordre social et de concilier la prospérité publique avec la justice.

Le spectacle d’un grand peuple où les droits de l’homme sont respectés, est utile à tous les autres, malgré la différence des climats, des mœurs et des constitutions. Il apprend que ces droits sont partout les mêmes, et qu’hors un seul, auquel, pour l’intérêt de la tranquillité publique, le citoyen vertueux doit savoir renoncer dans certaines constitutions, il n’est point d’État où l’homme ne puisse jouir de tous les autres dans leur entière étendue.

Il fait sentir l’influence que la jouissance de ces droits a sur la prospérité commune, en montrant que l’homme, qui n’a jamais craint d’outrages pour sa personne, acquiert une âme plus élevée et plus douce ; que celui dont la propriété est toujours assurée, trouve la probité facile ; que le citoyen qui ne dépend que des lois a plus de patriotisme et de courage.

Cet exemple, si utile à toutes les nations qui peuvent le contempler, allait être perdu pour le genre humain. Les grandes nations méprisent l’exemple des petits peuples, et l’Angleterre qui, depuis un siècle, en avait donné un si imposant, n’allait plus servir qu’à accréditer par sa chute l’opinion si répan-