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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 8.djvu/52

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l’influence de la révolution

sons avec l’Amérique, celui de l’exemple d’une liberté entière et illimitée de commerce donné par une grande nation. Mais si, sur d’autres parties de la politique, ces nouvelles républiques ont montré une raison et des lumières supérieures à celles des nations les plus éclairées, il paraît qu’elles ont conservé sur ces deux objets importants et intimement liés entre eux, l’impôt et le commerce, quelques restes des préjugés de la nation anglaise. Elles semblent ne pas sentir assez que l’intérêt de l’Amérique est d’ouvrir à toutes les denrées, à toutes les nations, une entière liberté d’entrer ou de sortir, de vendre ou d’acheter sans exception comme sans privilége, soit que les nations européennes rendent au commerce sa liberté, soit qu’elles lui laissent ses chaînes ou qu’elles lui en donnent de nouvelles. Déjà égarés par ces vues mercantiles dont l’Europe leur donne l’exemple, quelques États ont gêné le commerce par des impôts indirects. Ils n’ont pas vu combien, dans un pays où les propriétaires de terre forment le grand nombre, où les propriétés sont plus également distribuées qu’en Europe, où l’impôt est très-faible, un impôt direct sur le produit des terres serait facile à établir et à lever. D’ailleurs, quel avantage ne trouveraient pas les citoyens égaux d’un État libre dans un système où chacun, voyant ce que doit lui coûter une taxe nouvelle, ne serait pas la dupe des raisonnements qui, sous de vains prétextes, tendraient à en faire établir d’inutiles.

Cet impôt ne peut décourager les défrichements, puisqu’il est aisé de fixer, à l’exemple de la France,