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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 8.djvu/61

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d’amérique sur l’europe.

la ville, avec d’autres qui étaient accourus pour apaiser le tumulte, et qu’enfin la fortune de beaucoup de particuliers en souffrit.

Ceux qui se soulevèrent dans Massachusets n’insultèrent aucun individu ; ils ne firent tort à personne, et ils payèrent partout le juste prix de ce qui leur était nécessaire. Mais, ce qui devrait frapper plus que tout le reste ceux qui voudraient que l’administration fît sentir tout le poids de son autorité, c’est la conduite que tinrent les habitants pour apaiser le tumulte. Dans quels autres gouvernements montrerait-on, pour parvenir à cette fin, un empressement aussi vif et aussi universel ? Où verrait-on des compagnies de volontaires s’armer, et courir à bride abattue à la défense du gouvernement ? Enfin, ce soulèvement, dont de prétendus politiques ont parlé d’une manière si ridicule, est peut-être une des preuves les plus convaincantes que, pour conserver le bon ordre dans une nation, il faut en laisser le soin à la nation même.

Il est temps actuellement de se convaincre qu’une nation où règne l’égalité des droits soutiendra son gouvernement, si elle le croit bon, le changera quand elle le croira mauvais, et le corrigera lorsqu’elle le trouvera défectueux ; que, pour cela, la pluralité n’a pas besoin d’user de violence, et que la violence du petit nombre sera naturellement impuissante ; que ce qu’on appelle peuple, en Europe, est une classe d’hommes qui n’existe point, ni ne peut exister dans nos gouvernements ; que les dissensions nationales ne peuvent jeter de profondes ra-