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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 8.djvu/62

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l’influence de la révolution

cines dans un pays qui ne connaît point les distinctions odieuses et injustes ; qu’une classe d’hommes, étrangère aux droits de citoyen, doit être au moins indifférente au système établi, si elle n’en est pas ennemie ; qu’enfin, l’unique moyen d’attacher le peuple à la conservation du bon ordre, est de faire consister dans le bon ordre seul son bonheur et sa sûreté.

On a parlé, dans la seconde partie de cet ouvrage, des progrès considérables qu’on remarquait dans tous les États en faveur de la liberté de conscience, comme aussi de ce qui restait à faire pour rendre cette liberté parfaite. Depuis ce temps, l’assemblée générale de Virginie ayant entrepris l’examen du nouveau code, dont on a fait mention également, elle a passé la loi qu’on y avait proposée, moyennant quoi la liberté de conscience est établie maintenant sur la meilleure base possible. Ce fut l’effet de la remontrance du peuple, qu’on a insérée dans les notes de la seconde partie à la lettre G[1] : nouvel exemple qui dépose contre ceux qu’épouvante si fort l’influence du peuple en matière de gouvernement.

M. le comte de Mirabeau a dit avec raison, avant que l’Europe connût l’établissement de cette loi : « Vous parlez de tolérance ! et il n’est pas un pays sur la terre, je n’en excepte pas les nouvelles républiques américaines, où il suffise à un homme de pratiquer les vertus sociales pour participer à tous les avantages de la société[2]. »

  1. Cette indication se rapporte aux Recherches historiques et politiques sur les États-Unis, par Mazzey.
  2. Lettre du comte de Mirabeau à *** sur MM. de Cagliostro et Lavater. Berlin, 1786.