Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 9.djvu/227

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LETTRES
D’UN GENTILHOMME
À MESSIEURS
DU TIERS ÉTAT

LETTRE PREMIÈRE.

 Messieurs,

Je ne suis point un de ces gentilshommes qui, vous reléguant dans le dernier ordre l’État, croient former le second ou le premier, suivant qu’ils ont plus ou moins de respect pour le sacerdoce : je suis encore moins du nombre de ceux qui, par un abus de mots impardonnable dans un siècle éclairé, prétendent que leurs prérogatives sont une véritable propriété. Je vous regarde comme formant vraiment la nation, et les gentils lion nues comme étant ses officiers perpétuels : qu’ils doivent ce titre à leur origine, à l’importance que leurs ancêtres ont acquise, à la possession d’un fief, à l’exercice d’une charge, à des services, à la munificence du prince ; c’est toujours du consentement présumé de la nation qu’ils