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réflexions

4o L’anarchie a été fomentée et a été perpétuée par des manœuvres ; il faut, pour détruire cette cause, établir un tribunal qui effraye les coupables, qui assure au peuple une juste vengeance, en même temps que les tribunaux ordinaires le menaceront de punir ses excès, afin qu’il voie, dans les lois, la justice et non l’oppression.

Deux de ces manœuvres sont bien connues : l’une consiste à effrayer le peuple par des bruits de complots, de conspirations, de dépôts d’armes, d’approche de troupes ; beaucoup de complaisance pour vérifier ces bruits, beaucoup d’activité pour en prouver, pour en publier la fausseté, sont le meilleur remède de ce mal ; la crédulité diminuera à force d’être trompée.

On pourrait aussi, sans nuire à la liberté de la presse, défendre de proclamer d’autres papiers que les actes émanés des pouvoirs établis par la loi. La puissance publique a droit de faire cette réserve pour des actes qui doivent avoir une publicité plus solennelle ; elle a droit d’empêcher tout ce qui produit, dans les rues, des réunions qui gênent la libre circulation.

L’autre manœuvre consiste à répandre de l’argent pour déterminer à applaudir telle motion, à participer à tel attroupement, à telle émeute, à tel pillage. Jusqu’ici, on n’a pu remonter à personne d’un état, d’une éducation, qui ne lui permît pas de dire qu’il ne connaît pas l’homme dont il a reçu cet argent.

Peut-être, comme c’est un crime nouveau, en